法语助手
2023-11-14
Est-ce qu'il faut vraiment que les films
dans lesquels on joue nous plaisent ?
Oui.
Mais ce n'est pas toujours le cas.
Bonjour GQ, ici Vincent Cassel.
Parlons un petit peu de certains de mes rôles.
Oh ta g***** Saïd.
Oh quoi ta g***** Saïd ?
Comment tu me parles, e***** ?
Parle-moi bien ou je vais être encore obligé de te mettre des gifles.
Vas-y, bouge de là, tu pues de la gueule.
Un de mes souvenirs le plus personnel de "La Haine",
c'était le début et j'avais besoin de faire beaucoup d'efforts
pour croire à ce que je faisais.
Et donc, j'avais acheté une réplique d'un Glock.
J'avais fait croire à mes collègues de travail :
Saïd Taghmaoui, Hubert Koundé et Mathieu Kassovitz
que je m'étais vraiment acheté un flingue
et que j'étais en train de péter les plombs à cause du rôle.
Mais je leur avais dit à chacun de leur côté en leur disant
qu'il ne fallait absolument pas qu'ils le disent aux autres.
Et du coup, j'avais créé dans cet appartement
une espèce de psychose
où tout le monde pensait que j'étais devenu un peu fou
et que j'avais vraiment acheté un flingue
et que ça pouvait être un problème.
Et puis finalement, un jour,
ils ont fini par se parler, ils ont découvert et voilà.
Après, aujourd'hui, ce n'est pas du tout des trucs que je fais,
mais à l'époque j'avais besoin de ça,
j'avais besoin de me faire croire les choses
et je faisais beaucoup d'efforts pour y croire moi-même.
Donc cette réplique de flingue, oui, je me suis vu,
Gare du Nord, 3h du matin, avec un trois quart en cuir
et me promener avec mon flingue en plastique.
Bref, jeune acteur, jeune c**.
Wow, wow, wow, wow, wow, c'est à moi que tu parles ?
Les mecs, c'est à moi qu'il parle cet e*****,
c'est à moi qu'il parle, p*****.
C'est à moi que tu parles comme ça mec ?
Je sentais qu'on était en train de faire quelque chose
qui était différent de ce que j'avais vu,
même si je n'avais pas tout vu.
Mais là, il y avait quelque chose d'extrêmement jouissif
et je le dis souvent,
c'est-à-dire qu'à la fin de cette séquence de "La Haine"
où je parle devant le miroir,
on fait quelques prises et où en plus,
il faut improviser parce que le plan est plus long que ce qui était écrit.
Je vais voir Mathieu et je lui serre la main
et il me dit : "Mais pourquoi tu me dis merci ?"
Je lui dis : "Parce qu'à mon avis, celle-là, elle va rester".
Je trouve qu'effectivement,
pour le coup, elle est vraiment restée.
Mon analyse aujourd'hui,
c'est peut-être parce qu'il y a un charme.
D'abord, il y a une mise en scène
qui est quand même vraiment incroyable,
il faut dire ce qui est.
Il y a un sujet qui est un sujet grave, mais qui est traité…
À l'époque, je me rappelle, je me disais :
"Tiens, c'est marrant, ce film,
c'est un peu la technique de la chatouille et de la claque dans la gueule."
C'est-à-dire que pendant tout le film, finalement,
c'est presque une comédie italienne avec trois personnages
très humains, rigolos, un peu c***,
qui se débattent un peu dans un environnement,
un peu comme les comédies néoréalistes italiennes des années 60.
Et puis à la fin, le mec meurt en fait.
Et je crois qu'on ne s'y attend pas.
Et c'est ce qui fait le contraste.
On rigole, on rigole, on rigole et en fait, à la fin,
on se fait droiter.
La genèse du film, c'est vraiment Gaspar
qui vient me proposer ce film
qui n'était pas du tout celui-là au début.
En fait, il voulait faire "Love", à l'époque,
qu'il a fait des années plus tard.
Il voulait faire une histoire d'amour avec des scènes de sexe explicites,
mais il voulait faire ça avec Monica Bellucci et moi.
On lui a dit : "On ne peut pas faire ça, concrètement".
Il a dit : "Ce n'est pas grave".
Et puis en fait, après, on a voulu faire une adaptation de "Trahisons",
la pièce de Pinter qui est elle-même déconstruite et racontée à l'envers.
Et puis finalement, il est resté un peu le spectre de ces deux projets.
C'est qui le Ténia ?
Vous le connaissez ?
C'est qui ?
C'est qui le Ténia, je vous dis ?
Calme-toi.
C'est qui ?
Moi, le souvenir que j'ai,
c'est que c'était un film court, dans le temps.
On a tourné très vite.
L'idée, c'était, je crois qu'il y a douze scènes,
pas de dialogues et beaucoup d'impro, beaucoup d'impro.
La petite histoire, c'est : premier jour de tournage,
donc dernière scène du film, on est dans l'appartement,
il nous explique : "Voilà, tu es là, tu te réveilles, nanani, nanana".
Et je dis à Gaspar : "Bon alors, ok, on improvise.
Tu veux que ça dure combien de temps ?"
Il m'a dit "Entre 2 et 20 minutes".
Mais je lui dis : "Bon, alors d'accord, pourquoi 20 minutes ?"
Il me dit, parce que, on tournait en film à l'époque,
le magasin de pellicules maximum qu'on avait, c'était 20 minutes.
Et en fait, la scène dure 20 minutes.
Et en fait, comme c'est de l'impro de 20 minutes,
à la deuxième prise, on ne sait déjà plus ce qu'on a dit, en fait.
Et donc ça part dans un espèce de délire et puis on joue avec tout,
il y a une orange qui tombe par terre, je sortais des vannes de c**.
Puis, on avait une intimité incroyable avec Monica
parce qu'on était ensemble depuis déjà longtemps.
Et donc voilà, c'est des expériences qui sont complètement expérimentales.
Et je veux dire, moi, c'est un film que j'adore,
je suis très, très fier de l'avoir fait.
Si vous pouviez juste nous donner notre argent, nous partirions.
L'argent ?
Quel argent ?
Je n'avais même pas vu "Ocean's Eleven".
Et pour être totalement honnête, ce n'est pas ma came, en fait.
Je me rappelle que quand j'ai fait "Ocean's Thirteen"
et il fallait faire des retakes.
Donc, on se retrouve tous à partir à Las Vegas
et Steven Soderbergh nous fait monter dans sa suite de dingue
pour nous montrer le film monté sans les scènes.
Je m'endors.
Soderbergh est un mec très particulier.
C'est un mec qui est complètement en dehors à Hollywood.
Déjà, il est chef op, scénariste, monteur,
metteur en scène et donc il est très ouvert.
Et moi, je lis le script et tout d'un coup,
il y avait cette scène un peu à la "Entrapment", le film.
Je dis : "On l'a déjà vu, tiens, tu connais la capoeira ?"
Il me dit : "Non, c'est quoi ?"
Je commence à lui faire un truc,
je lui montre des vidéos à l'époque de Kourtrajmé,
donc le mec récupère la musique de La Caution.
Il me laisse complètement faire.
Le mec me dit...
Il m'emmène dans le décor du musée
qui est un décor qui coûte une blinde,
qui va être utilisé genre 48h.
Alors, je lui dis : "Bon, alors, machin..."
il me dit : "Non.Tu as l'équipe de cascadeurs.
Tu vas avec ton pote" Tarubi à l'époque.
Il me dit : "Vous vous démerdez et nous,
on arrive cet après-midi pour tourner".
Et donc j'arrive, je dis :
"Ok, là, vous mettez un câble, vous mettrez le truc, machin, etc."
Le mec arrive et il me dit : "Bon alors, qu'est-ce que vous voulez faire ?"
Je dis : "Bon, alors là, je fais ça.
Là, je fais ça.
Là, je peux monter sur le truc, là, je descends en saut per'.
Là, j'essaye, il y a un laser qui me passe là.
Je fais un saut de tête".
C'est-à-dire qu'en fait, concrètement,
je lui dis un peu ce qu'il doit faire comme mise en scène.
Et là, le mec me fait : "Ok.
Donc ça commence comment ?" Et en fait, il fait ça.
Et on fait ça et on tourne ça en une après-midi.
Et le lendemain, je ne peux plus marcher.
Je suis, mais cassé, quoi.
Mais cassé.
C'est-à-dire que j'ai fait des massages et tout.
Si je devais tourner le lendemain, je n'aurais pas pu.
J'étais, mais défoncé, défoncé, défoncé.
Donc, tu vas récupérer Azim
et le ramener ici avec sa ****** de femme.
Cronenberg déjà, moi, j'ai grandi avec ses films.
Donc, je suis très excité de le rencontrer.
Je le rencontre, je le trouve charmant, intelligent, drôle,
enfin bon, bref, à la hauteur de ce que j'imaginais de lui.
Et puis Viggo et Naomi Watts,
que j'avais découvert évidemment dans le film de David Lynch.
Et donc, moi, je suis là
et on me dit : "Tu vas jouer avec eux"
et je me dis : "C'est génial".
À tel point que je retarde, enfin je fais retarder,
il y avait Thomas Langmann à l'époque,
on préparait "Mesrine"
et puis il me dit :
"On va aller à Cannes, on va présenter des trucs".
Je lui dis : "Mais je ne peux pas.
Là, je dois faire ce truc".
"Mais non, mais tu ne peux pas faire ça".
Je dis : "Écoute, je ne peux pas dire non à Cronenberg,
ce n'est pas possible".
Et donc, je pars faire ce truc-là où il me prend pour faire un russe.
Ok, pas de problème.
Et je m'éclate, en fait, avec lui, vraiment.
À tel point qu'il me repropose encore un autre film derrière
et qu'il me repropose encore un film
que je vais tourner bientôt et où carrément,
je vais jouer son rôle à lui.
J'ai bien fait de faire "Les promesses de l'ombre".
Hé, papa !
Qu'est-ce que j'ai fait ?
C'est un joyeux Noël ou quoi ?
Travailler le rôle, l'anglais, etc., c'est un peu la base.
Mais moi, je me rends compte
qu'avec le temps, et le métier, comme on dit,
je suis devenu un acteur assez technique
dans le sens où je connais vraiment,
et je ne crois pas que je me la pète en disant ça,
c'est que je sais comment me déplacer sur un plateau de cinéma.
À tel point que même,
je ne suis pas un acteur de théâtre.
On m'a proposé des trucs,
je n'ai pas du tout envie d'y retourner.
Par contre, au cinéma,
je sais que je suis un atout pour un metteur en scène.
C'est-à-dire que je fais gagner du temps.
Je n'en fais jamais perdre,
je suis toujours à l'heure et si je ne connais pas mon texte,
c'est parce que je sais que je vais improviser mieux.
Donc dans ce sens-là, je suis devenu un acteur technique.
Regarde comment elle bouge.
C'est imprécis, mais sans effort.
Elle ne fait pas semblant.
À l'école du cirque,
où j'ai commencé vraiment quand j'avais 17 ans,
en fait, le classique, c'était obligatoire.
Et donc, j'ai commencé le classique comme ça.
Et en fait, je l'ai un peu gardé
comme colonne vertébrale pratiquement tout au long.
C'est-à-dire que tout ce que j'ai fait,
j'ai toujours continué à faire le classique.
Et donc, quand il m'a appelé pour faire ça, ça me parlait quoi.
Je connaissais l'univers de ce truc-là.
Puis, accessoirement, Benjamin Millepied
m'a pris un peu sous son bras et j'ai eu la chance de,
et ça, ça été un truc assez fondateur pour moi,
de voir Mikhaïl Barychnikov en train de diriger des acteurs.
C'est vachement intéressant
parce que je le voyais diriger et il esquissait.
Il n'était pas là pour prouver quoi que ce soit.
Il avait déjà tout prouvé.
Et en fait, ça, j'ai vachement pris de lui dans le film.
Allez !
Tes fouettés sont comme une araignée tissant une toile.
Attaque-les.
Attaque-les !
Allez !
En fait, Aronofsky, c'est un metteur en scène américain, certes,
mais moi, je me rappelle que j'avais vu "Pi",
donc son premier film, et ce qui m'avait frappé,
c'est que je trouvais que c'était très européen dans sa manière de faire.
Encore une fois, tout ça,
c'est des mecs qui ont grandi avec le cinéma européen.
Et puis, avec ça,
ils y ont greffé une technicité américaine avec des effets.
Parce que, même si c'est beaucoup de caméra à l'épaule,
dans "Black Swan", c'est truffé d'effets spéciaux.
La caméra disparaît dans les miroirs,
il y a des raccords impossibles à trouver.
Il met des fois le visage de Natalie Portman
sur des corps de danseuse et on ne voit que dalle.
Donc c'est un mélange de tout ça.
Toi, espèce de rat, tu me prépares la Porsche,
tu me mets celle du coiffeur et tu te dépêches
pour que mon ami et moi,
on puisse relever la tête vers notre destinée.
D'abord, c'est un film que j'ai produit,
à l'époque avec Eric Névé.
Moi, je connais Romain Gavras et Kim Chapiron
depuis vraiment, vraiment, qu'ils sont très jeunes.
C'est-à-dire que je pense que
la première fois que je les ai croisés, ils ont 14, 15 ans.
Et ils font des courts métrages
et je flashe sur ce qu'ils font.
Et donc du coup, je me retrouve
à produire leur premier long métrage, à l'un et à l'autre.
Donc "Sheitan" et "Notre jour viendra".
Et on était en développement avec Romain depuis un moment
et alors ça passait par toutes les couleurs de scénario, des trucs vraiment…
Et puis tout d'un coup, il fait le clip de Justice.
Et je me dis : là, il faut qu'il tourne, en fait.
Je ne peux pas continuer à le faire galérer 6 mois
pour qu'il écrive, etc.
Le scénario est bancal.
La fin, je ne suis pas sûr.
Mais, n**** ** ****, on y va quand même.
Et il faut y aller, il faut y aller, il faut y aller.
Je savais qu'il y avait quelque chose
dans le film que je pense encore de culte.
Il faut toujours penser à un film en dehors du cadre de sa sortie.
Il faut voir comment il perdure dans le temps.
Mais en fait, je me rends compte que "Notre jour viendra",
pour les gens qui l'ont vu et les gens qui l'apprécient,
c'est presque une référence.
C'est toi qui a as jeté des cacahuètes ?
C'est lui qui a jeté des cacahuètes !
À l'époque, je me promenais beaucoup en Segway sur les plateaux.
Donc j'étais producteur en Segway, donc mec insupportable.
Et en plus de ça, assez vite, on tourne dans un magasin,
une armurerie, et c'est une scène où je n'ai rien à faire.
Il faut juste que je sois là et j'attende.
Et en fait, je passe ma journée à me dire :
"Mais putain, mais qu'est-ce que je vais bien
pouvoir récupérer dans cette armurerie ?"
Et, une sarbacane.
J'achète une sarbacane de compétition avec des dards en tungstène.
Et me voilà en Segway avec une sarbacane à la main.
Et donc, je suis là et il y a l'équipe qui sont en train de ranger
et je fais : "Attention, attention !"
et je commence à tirer des sarbacanes et tout.
Bref.
Toujours sans danger, hein.
Mais le souvenir que j'ai de ce film,
je le disais encore à Romain l'autre jour,
c'est que je n'ai jamais autant ri de ma vie.
C'était dingue, franchement.
Et pourtant on travaillait, on était vraiment très busy.
Mais il y avait une telle connivence
entre Romain, Olivier et moi que, voilà.
C'est un très bon souvenir.
On a mis, je ne sais pas, plus de 20 ans à se barrer de là-bas.
Et toi, tu veux retourner là-bas pour vérifier
si le vent a bien déposé les feuilles mortes
sur la toiture rouillée en cette magnifique canicule ?
Ce n'est pas moi qui devais faire le rôle,
c'était Reda Kateb.
Et ils m'ont appelé en catastrophe,
où j'étais en train de tourner un truc dans le sud du Brésil
pour un film brésilien.
Je dis oui, de toute façon.
Et surtout, le truc, c'est que
je vois le personnage un peu c****-********.
Et puis, cette scène à la fin.
Et je me dis : "Là, c'est bon".
Puis bon, Marion, Léa, Gaspard, évidemment.
Je veux dire, c'était vraiment une clique qui m'intéressait,
c'était court dans le temps à faire.
Et je me rappelle qu'il y avait ce truc de :
oui, c'est difficile d'apprendre ce texte,
c'est du texte de théâtre.
Mais en fait, une fois qu'on a compris le rythme de ce texte,
c'était un texte qui est pratiquement…
Et surtout que le personnage que je jouais,
c'est un mec qui ne sait pas s'exprimer.
Donc en fait, il est très maladroit, c'est très haché, etc.
Et une fois que j'avais chopé ce truc-là,
je n'avais aucun problème pour apprendre ce texte.
Ouais, mais tu t'es vue, toi, avec ta gueule.
Et puis toi, on dirait que tu t'es maquillée à la truelle.
Moi, mon père me disait toujours :
"Il y a plein de bons acteurs devant leur miroir, dans la salle de bain".
Ce qui est vrai.
Nous, on est payé et on devient irremplaçable,
même si on l'est, ce n'est pas du tout ce que je prétends.
Mais à partir du moment où on te dit :
"Bon allez, dans 2 minutes, tu pleures.
Tu es drôle.
Tu es cool.
Tu es charmant".
Voilà.
Il faut savoir livrer à l'heure.
J'en ai ras-le-bol.
C'est trop injuste.
Il va falloir que vous arrêtiez de me regarder toujours
comme une bête de foire, comme ça.
Moi, ce que je dis toujours, il y a le "money shot".
C'est-à-dire que dans une scène,
il y a un plan qui vend la scène,
où il ne faut pas se merder.
Si ce plan-là est réussi, la scène existe.
Et là, le "money shot" était très clair.
Et pour moi, c'était même le "money shot" du film.
Je savais que si j'avais celui-là, le reste, c'était du gâteau.
Merci GQ.
C'était Vincent Cassel.
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