法语助手
2024-03-05
Il faut faire très attention au bruit médiatique.
Quand vous avez une espèce de montée en crise d'un sujet,
une fabrication de la crise,
il faut toujours garder son pas de côté
et comprendre d'où vient le narratif,
d'où vient le discours, qui il sert.
Il sert une chose très simple,
c'est qu'on parle du matin au soir d'intelligence artificielle
et que donc ça recrée un marché et donc une valeur économique.
plus une accoutumance.
Qu'on en parle en bien ou en mal,
on crée une acceptabilité sociale du sujet
qui permet derrière d'introduire d'autres usages.
Mais l'IA est déjà omniprésente dans notre quotidien,
dans notre travail, dans notre intimité, dans nos sociabilités, etc.
Est-ce que ça transforme les rapports?
Est-ce que ça pose des questions politiques majeures
sur l'éducation, sur le travail, sur surtout la démocratie?
Oui, bien sûr.
Et donc la question fondamentale derrière,
c'est pas « Doit-on avoir peur de l'IA ou pas ? » .
La question fondamentale derrière,
pour moi en tout cas, elle est beaucoup plus simple que ça.
C'est la question de la mort ou le revival du politique.
Je suis Asma Mala,
je travaille sur les questions politiques, géopolitiques de la technologie.
Je ne suis donc pas philosophe, mais pourtant,
l'intelligence artificielle étant une discipline interdisciplinaire, multidisciplinaire,
nous allons essayer d'aborder le sujet de l'IA aujourd'hui sous ces différents angles.
Moi j'ai une question toute simple.
Intelligence artificielle, pourquoi artificielle et de quelle intelligence on parle?
Alors c'est très intéressant comme question
parce que déjà le terme fait débat,
il ne fait pas tellement consensus.
Il faudrait d'abord définir ce qu'est l'intelligence tout court.
Et l'intelligence tout court,
c'est-à-dire en fait l'intelligence dite humaine, la nôtre, c'est une faculté.
C'est une faculté de pensée, c'est une faculté de raisonner,
c'est une capacité de mémoire, de raisonnement, d'imagination, mais aussi de perception.
Et quand on dit de perception, c'est la perception des autres,
c'est la perception du monde, donc de l'altérité.
Et donc intervient très vite la question du langage,
qui finalement est le véhicule, le vecteur, la façon
dont on va mettre en musique
notre perception du monde et notre relation à l'autre.
Et c'est en ce sens aussi que toutes les questions,
toutes les polémiques, les débats qu'on a aujourd'hui,
notamment autour des intelligences artificielles génératives,
font autant peur d'une certaine façon,
parce qu'elles viennent taper,
elles viennent essayer de simuler
ce qui faisait jusque-là la singularité de l'homme,
notamment, c'est-à-dire le langage.
Et avec ce qui vient en amont du langage,
le raisonnement, la perception.
À partir des années, disons, 30, 40, 50,
on a commencé à avoir des outils, des ordinateurs,
à partir des années 50, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale essentiellement,
et des chercheurs se sont demandés ce qu'était finalement cette intelligence,
comment fonctionnait dans le fond le cerveau.
Et avec ces outils de l'époque,
et c'est là qu'on va retrouver par exemple à l'enterring,
on va se poser la question de qu'est-ce que l'intelligence humaine,
est-ce qu'elle est reproduisible,
et est-ce qu'une machine pourrait reproduire le cerveau humain,
ou même avoir une capacité, une faculté de penser par elle-même.
Ce qu'on est en train de vivre aujourd'hui sur l'IA
est en fait non pas une révolution,
comme on peut le lire à droite à gauche et comme
on voudrait si vous voulez schématiquement enfermer le sujet,
mais c'est une évolution.
Aujourd'hui, les IAs qu'on a
sont des IAs, ce qu'on appelle en anglais, étroites.
un narrow AI, c'est-à-dire qu'elles font avoir un focus sur des tâches spécifiques.
Vous avez par exemple les algorithmes de recommandation,
vous avez par exemple les voitures autonomes,
vous avez les IA conversationnelles,
celles qui vont donc...
ou les IA génératives, celles qui vont générer du contenu,
de la voix, du texte, du code, des images, etc.
Mais l'objectif politique,
l'objectif même idéologique de certains concepteurs et technologues de la Silicon Valley,
c'est bien d'arriver à ce qu'on appelle des intelligences artificielles générales.
Les fortes, celles qui auraient une conscience d'elles-mêmes et par elles-mêmes.
Certains technologues de la Silicon Valley, et pas que d'ailleurs, ont ce projet.
Est-ce qu'ils vont y arriver?
Ils en ont les moyens financiers,
ils en ont les ressources techniques.
Après, c'est un point d'interrogation qu'il ne faut pas sur-fantasmer.
Vous avez aujourd'hui des projets,
par exemple qui sont présentés par Yann Le Cun,
qui est le directeur de la recherche de l'intelligence artificielle du compte méta,
qui aujourd'hui travaillent ou dit travailler sur des IA génératives,
mais qui, en fait, à terme, pourraient intégrer la dimension des émotions.
Et pourquoi on irait sur la dimension des émotions?
Quand on lit les déclarations, c'est pour améliorer la pertinence des réponses.
Donc en fait dans un but purement utilitariste.
L'innovation pour l'innovation, sans réflexion philosophique autour,
sans réflexion politique sur la notion de progrès et non pas d'innovation,
on risque en effet d'entrer dans le mur avec des dégâts
et des dommages collatéraux assez terribles.
Et c'est pour ça que la conversation doit aujourd'hui être collective et politique.
Qu'est-ce que l'on veut faire de ces technologies,
soit existantes, les IA qui existent déjà,
soit émergentes, celles qui sont à l'étude dans les laboratoires de recherche.
Et où est-ce que peut-être, à un moment donné, on s'arrête ou pas?
Le politique ne peut surtout pas se contenter comme réponse,
ou comme unique réponse, de la réglementation ou de la loi.
le sujet est beaucoup plus large,
beaucoup plus civilisationnel que simplement dire « on va mettre un règlement ».
Dans 20 ans, imaginez-vous, il y a quelqu'un qui tombe sur la vidéo qu'on est en train de faire,
est-ce que vous pensez qu'ils en rigoleront en disant « ils n'ont vraiment rien compris »?
Qu'est-ce qu'on en pensera à votre avis,
même si c'est impossible de faire de la perspective,
dans 20 ans, de ce que vous dites là?
J'adore la question,
parce que je pense qu'ils rigoleraient,
Mais il y a des choses qui restent...
éternelles, de mon point de vue.
La question politique, la question du progrès,
la question de qu'est-ce qu'il y a d'homme dans l'homme,
sont des questions éternelles.
Et de ce point de vue-là, ils ne rigoleront pas.
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