法语助手
2017-02-26
Ma grand-mère
« Je veux mourir proprement. Taisez-vous. Je sais que c'est fini. Dites à la femme de chambre qu'elle prenne une paire de draps brodés sur le quatrième rayon de la grande armoire, dans l'antichambre. Quand mon lit sera refait, vous ferez entrer mes petits-enfants. »
Ainsi fut fait…
Elle nous fit mettre à genoux, se donna beaucoup de peine pour soulever la main droite et, à tour de rôle, nous la posa sur le front, en commençant par mon frère, l'aîné.
« Que Dieu vous garde, mes enfants ! »
Ce fut tout. Il ne fallait pas trop présumer de ses forces. Nous nous retirâmes à reculons, comme devant un roi. Et aujourd'hui, à plus de vingt ans de distance, encore remué jusqu'au fond du cœur, je persiste à croire que cet hommage lui était dû.
Certes, elle n'avait pas le profile populaire de l'emploi, ni le baiser facile, ni le bonbon à la main. Mais jamais je n'ai entendu sonner de toux plus sincère, quand son émotion se grattait la gorge pour ne pas faiblir devant nos effusions. Jamais je n'ai revu ce port de tête inflexible… Grand-mère aura été pour nous l'inconnue dont on ne parlait point, bien qu'on priât officiellement pour elle deux fois par jour ; elle aura été et restera « la précédente ».
D'après Hervé Bazin (Vipère au poing)
Le titre, Ma grand-mère.
A la ligne. . . (écoutez et écrivez bien. . . ). . .
Je relis.
Ma grand-mère
« Je veux mourir proprement. Taisez-vous. Je sais que c'est fini. Dites à la femme de chambre qu'elle prenne une paire de draps brodés sur le quatrième rayon de la grande armoire, dans l'antichambre. Quand mon lit sera refait, vous ferez entrer mes petits-enfants. »
Ainsi fut fait…
Elle nous fit mettre à genoux, se donna beaucoup de peine pour soulever la main droite et, à tour de rôle, nous la posa sur le front, en commençant par mon frère, l'aîné.
« Que Dieu vous garde, mes enfants ! »
Ce fut tout. Il ne fallait pas trop présumer de ses forces. Nous nous retirâmes à reculons, comme devant un roi. Et aujourd'hui, à plus de vingt ans de distance, encore remué jusqu'au fond du cœur, je persiste à croire que cet hommage lui était dû.
Certes, elle n'avait pas le profile populaire de l'emploi, ni le baiser facile, ni le bonbon à la main. Mais jamais je n'ai entendu sonner de toux plus sincère, quand son émotion se grattait la gorge pour ne pas faiblir devant nos effusions. Jamais je n'ai revu ce port de tête inflexible… Grand-mère aura été pour nous l'inconnue dont on ne parlait point, bien qu'on priât officiellement pour elle deux fois par jour ; elle aura été et restera « la précédente ».
D'après Hervé Bazin (Vipère au poing)
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