法语助手
2023-11-26
Si vous aimez aller seul au cinéma, partir en vacances avec vous-même ou écrire dans un journal intime,
c'est en partie grâce à lui.
Écrivain et penseur majeur du XVIIIe siècle,
Jean-Jacques Rousseau a désacralisé le besoin de solitude et l'introspection.
Il y a une expression qui est du XVIIIe:
La solitude est à l'âme ce que la diète est au corps.
Plus de 200 ans après ses écrits,
ce retour à soi trouve encore tout son sens dans nos sociétés ultra-connectées.
Toute sa vie, Rousseau entretient une relation ambiguë avec la solitude.
Il va d'abord la subir.
Quelques jours après sa naissance, en 1712,
sa mère meurt d'une maladie infectieuse,
son père tente d'échapper à la justice et quitte le foyer.
Il se retrouve livré à lui-même à 16 ans.
Après de nombreux voyages, il devient ami avec des penseurs des Lumières à Paris,
comme d'Alembert ou Diderot.
On est en 1754.
Rousseau écrit un de ses ouvrages fondateurs sur les inégalités dans la société.
C'est là qu'il développe une idée centrale de sa pensée:
l'homme est naturellement bon, c'est au contact des autres,
donc de la société, qu'il est corrompu.
Être seul est associé à cette époque aux ermites, aux moines,
c'est donc un état réservé au domaine de la religion.
La solitude purement de la vie quotidienne, elle est rarissime encore.
Donc la solitude est repoussée.
Il est à contre-courant des normes du XVIIIe siècle:
la sociabilité est une qualité et la solitude est stigmatisée.
Pour être bien perçu dans les cercles littéraires,
il faut participer à des salons, se montrer en société.
Et un beau jour, Diderot, dans une pièce qui s'appelle "Le Fils naturel", écrit que
"le méchant est toujours seul."
Immédiatement, Rousseau prend ça pour lui et se brouille.
Parce qu'au fond, c'est un homme à la fois très sincère et très direct,
et en même temps, qui cache énormément de choses intérieures.
Il est à la fois très orgueilleux et il a honte.
Il est à la fois assez sociable et en réalité, il ne rit jamais avec les autres,
enfin, il rit peu.
Rousseau est critiqué, moqué par l'intelligentsia et quitte temporairement Paris pour Genève.
C'est de là que vient l'idée qu'il est solitaire
et qu'il va transformer cet état en quelque chose de positif.
Rousseau a l'air de considérer que c'est malgré lui, qu'il est seul,
mais en fait, c'est grâce à cette solitude qu'il écrit quand même des textes qui vont influencer tout le XIXe siècle.
Loin de la vie mondaine, à Montmorency,
il écrit l'un des plus grands succès littéraires du XVIIIe siècle:
"La Nouvelle Héloïse".
Au fond, la solitude de Rousseau, elle est assumée.
Pour Rousseau, il est seul parce qu'il est exclu par les autres,
mais en réalité, très tôt il revendique cette forme de solitude.
Il aime la campagne, il aime la forêt.
Il n'est pas le premier à les découvrir,
mais en tout cas, il les met dans ses essais, dans ses livres.
Dans une lettre au magistrat Malesherbes en 1762,
il raconte les bienfaits qu'il trouve dans la solitude:
"ce sont mes promenades solitaires,
ce sont ces jours rapides mais délicieux que j'ai passés tout entier avec moi seul. "
Rousseau va même encore plus loin.
Il tire de cet état de solitude un genre qui va se développer au XIXe siècle
et que vous avez peut-être déjà expérimenté:
le journal intime.
On est en 1764, il est toujours exilé et loin du monde social, dans une petite maison.
Il lit un article qui n'est pas signé, qui est écrit par Voltaire,
où on parle de Rousseau,
ayant abandonné, à l'assistance publique cinq enfants
Et que donc un homme qui vous fait des bons usages de la vie
et surtout de la morale, a été lui-même vraiment très fautif,
et donc ça le bouleverse.
Et c'est à la suite de ça qu'il pense écrire "Les Confessions".
Rousseau se livre avec sincérité sur sa vie.
Dans le quatrième livre, il écrit:
"Je veux que tout le monde lise dans mon cœur."
C'est quelque chose de totalement nouveau, parce qu'il dit toutes ses fautes,
il ne cherche pas à enjoliver son portrait.
La société doit beaucoup à Rousseau, mais le journal intime doit beaucoup.
À la fin de sa vie, il s'attaque à sa dernière œuvre: "Les Rêveries du promeneur solitaire ".
Dans la cinquième promenade, un retour imaginaire sur les moments heureux de sa vie,
il liste les conditions du bonheur:
Lle farniente loin du monde, l'absence de communication,
une marche seule dans des paysages verdoyants.
Rousseau expérimente ce qu'on pourrait appeler aujourd'hui une certaine forme de "détox",
avant de mourir en 1778.
Au siècle d'après,
c'est le triomphe d'une autre forme de solitude:
l'individualisme.
Fini les salons, les sociabilités, l'individu se suffit à lui-même.
Il y a une expression qui est du XVIIIe:
"La solitude est à l'âme ce que la diète est au corps".
Elle montre bien qu'elle ne peut pas être totale.
Dans le cas de Rousseau, elle est tragique, parce qu'il pense que c'est vraiment son destin.
Mais pour nous, à notre époque,
nous avons besoin d'un petit mix entre le temps de solitude,
où on réfléchit sur ce qu'on fait et sur ce qu'on est,
et puis le moment où, au contraire, on vit en société.
Et je crois que ce sera toujours ça,
la solitude, à condition qu'elle soit voulue et pas subie.
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