法语助手
2024-01-03
Pourquoi les leaders anti-système ont-ils des coupes de cheveux atypiques ?
Javier Milei en Argentine, Donald Trump aux Etats-Unis,
Boris Johnson au Royaume-Uni:
leurs points communs ?
Bien vu.
Pour ces leaders populistes, souvent qui sont issus des milieux privilégiés,
c'est aussi une façon de mettre en scène une forme d'anti-élitisme
tant on sait que le populisme se construit évidemment sur l'antagonisme entre les élites et le peuple.
Ces dernières années ont vu les victoires de plusieurs leaders politiques
arborant des coupes de cheveux singulières et à tendance populiste.
Hasta la vista.
C'est-à-dire qu'ils critiquent le système et ses représentants.
Les derniers venus, c'est Javier Milei,
le nouveau président argentin, surnommé "el peluca", "la perruque",
et Geert Wilders, le chef de l'extrême droite néerlandaise,
anti-immigration, anti-Islam, qui a gagné les législatives.
Loin d'être le fruit du hasard, leur coupe de cheveux fait partie d'une stratégie politique.
C'est une manière de se démarquer, de se distinguer,
d'induire une forme de transgression par rapport aux codes,
si tant est que cela renvoie à des stratégies délibérées,
préméditées, ce que malgré tout on peut envisager tant, aujourd'hui,
les stratégies de communication sont mûries.
Des cheveux longs, fournis, péroxydés, se distinguent dans la norme du paysage capillaire.
Une norme courte, propre, sobre.
Celle du personnel qui a fait de la politique un métier,
standardisant jusqu'aux façons de s'exprimer et de se présenter.
Le cheveu est donc un des rares espaces qui reste pour montrer de la personnalité.
À l'heure de l'égo politique, marqué par l'individualisation et la personnalisation de la vie politique,
la légitimité, dans une large mesure,
se construit dans l'écart, se construit dans la différence.
La différence, c'est celle entre eux et les élites.
Des élites qui sont chargées de tous les maux,
jugées corrompues, et un peuple qui est jugé vertueux et sain.
Boris Johnson l'a très bien compris.
Il a fondé son storytelling sur son côté anti-establishment et frondeur qui défie les bonnes manières,
en dépit de ses origines aisées et de son passage à la prestigieuse université d'Oxford.
L'Italie aussi a connu son leader anti-élite à la folle crinière.
Beppe Grillo, un acteur devenu tribun.
Avec son discours provocateur, il voulait sortir de l'euro
et avait organisé une manifestation annuelle contre la classe politique,
nommée le V-Day pour "Vaffanculo Day".
Quant à Millet en Argentine,
c'est un anarcho-capitaliste qui veut passer les comptes publics à la tronçonneuse.
Alors pourquoi accorder autant d'attention à la coupe de cheveux ?
Eh bien parce que le physique, ça compte en politique.
L'image est même plus décisive que les propositions,
selon ce qu'ont montré deux chercheurs en 2007.
Lorsque les panélistes créditaient Nicolas Sarkozy d'une qualité supplémentaire,
cela augmentait la probabilité de voter pour lui par 4.
En revanche, lorsque les panélistes adhéraient à un point de son programme,
cela n'augmentait la probabilité de voter pour lui que par 1.5.
De la même façon que s'afficher en train de courir met en scène sa combativité,
ou que faire un régime montre de la discipline,
avoir une coupe de cheveux originale montre qu'on n'est pas comme les autres.
C'est aussi une façon de faire parler de soi, à tout prix.
Andy Warhol l'avait bien compris,
lui qui a passé sa vie à réfléchir sur la notoriété,
avec sa fameuse théorie du "quart d'heure de gloire".
Il était devenu une icône à travers sa coupe de cheveux,
qui était une perruque,
qu'il a vendue aux enchères en 2006, presque 11 000 dollars.
La démonstration que tout peut devenir une marque ou un "mème" en un instant,
y compris une coupe de cheveux.
D'ailleurs, Geert Wilders arbore un look qui était au départ une plaisanterie dans sa vingtaine,
mais qu'il a gardé pour en faire une marque de fabrique.
Quant à Rain Epler, ancien ministre du parti nationaliste estonien,
il figure aujourd'hui sur des t-shirts et au cœur de vannes sur Reddit.
Alors rien de nouveau dans le rôle du cheveu chez les gouvernants puisque,
déjà chez les rois mérovingiens,
il était porté long comme symbole de pouvoir et de vitalité.
Même chose avec les perruques des rois, signe de respectabilité.
Avant que la sobriété ne reprenne le dessus,
et que les perruques ne deviennent un symbole des privilèges de l'Ancien Régime.
Est-ce que l'histoire se répétera ?
L'avenir le dira.
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