法语助手
2023-12-27
Si la doudoune a dévalé la piste du succès,
c'est en partie grâce au développement d'une marque française bien connue et de l'influence des "paninari",
ces jeunes BCBG italiens qui traînent devant les sandwicheries milanaises dans les années 80.
Jusque-là réservés à l'alpinisme,
la doudoune devient un vêtement tendance qui se porte aussi en ville.
Au début du XXe siècle, avec le tourisme de montagne,
des fabricants de matériel se développent.
C'est le début d'une mode d'hiver, d'abord pensée pour une élite.
Les produits sont chers et peu adaptés aux conditions climatiques.
Dans l'entre-deux-guerres, des alpinistes amateurs cherchent alors de meilleurs équipements.
En Europe, deux hommes créent simultanément l'ancêtre de la doudoune.
Ils s'inspirent des sacs de couchage pour en faire une veste rembourrée de duvet.
Un Britannique, George Ingle Finch, qui est un des pionniers de l'alpinisme.
Il n'hésite pas, lui, à recourir à de l'équipement beaucoup plus technique
que les gentlemen qui, d'habitude, mettent un point d'honneur à gravir les sommets
je dirais, avec art et en ayant un recours à la technique moindre.
Et on voit apparaître ça à un peu près au même moment Chez un alpiniste,
une légende de l'alpinisme française,
qui s'appelle Pierre Alain,
et lui aussi, il va s'équiper d'une veste rembourrée qu'il va ensuite vendre dans son petit atelier parisien.
Cette veste équipera d'ailleurs la première expédition française en Himalaya en 1936.
La doudoune devient populaire avec le développement d'une marque française,
Moncler, qui va produire des équipements de montagne.
D'abord Moncler, c'est l'abréviation de Monestier-de-Clermont,
qui est une petite ville aux portes du Trièves,
pas très loin de Grenoble, entre Grenoble et le Trièves,
où cette aventure commence.
On est dans la période des Trente Glorieuses,
le pouvoir d'achat augmente,
les loisirs et les vacances des Français offrent des opportunités aux industriels.
Au fur et à mesure que les Français découvrent les joies de la montagne,
eh bien Moncler va être là pour leur proposer un vêtement
un peu nouveau, un peu différent, qui va être la doudoune.
Un vêtement pour lequel Moncler dépose des brevets,
il y en a plusieurs en 1954, 1955, avec plusieurs variantes, les manches en tricot,
le corps en duvet...
Pour se faire connaître, Moncler s'associe à plusieurs expéditions sportives,
comme l'ascension du Caracorum en 1954.
En 1968, elle sponsorise et habite toute l'équipe de France de ski alpin à l'occasion des Jeux Olympiques de Grenoble.
Donc il y a un premier basculement, c'est les années 1960.
Le vêtement technique des alpinistes devient progressivement le phénomène de mode.
Ça, c'est pour la partie sport.
Mais dans les années 1980, la doudoune arrive en ville.
Quand on arrive en ville !
Dans les rues de Milan, elle est portée par un groupe de jeunes Italiens
qui détonnent dans le paysage culturel:
les "paninari".
"Paninari" veut dire "sandwicherie" en italien et c'est une référence au premier fast-food qui ouvre à Milan,
devant lequel ils se retrouvent pour traîner.
On a des gamins qui sont épris de culture américaine,
qui ont des moyens importants et qui n'hésitent pas à détourner
des pièces de vestiaire de leurs parents,
qui aiment les couleurs vives, qui évidemment roulent en Vespa.
Ils ont grandi dans l'Italie consumériste de Berlusconi,
ne quittent pas leur jeans Lévi's
ont des Timberland au pied et s'en mitouflent dans des doudounes Moncler.
Des magazines, des émissions de télévision parlent d'eux.
Les Pet Shop Boys, un groupe de musique pop britannique en vogue, leur consacrent même une chanson.
La tendance s'exporte au-delà des frontières italiennes.
En France, des créateurs de mode s'y intéressent.
En 1992, Chantal Thomas finit son défilé avec une création en collaboration avec Moncler
plutôt audacieuse: une robe de mariée matelassée.
Mais le milieu des années 1990 met un coup d'arrêt au développement de la marque.
Plusieurs hivers en neige se succèdent,
la matière polaire se développe et des problèmes bancaires apparaissent.
Elle est rachetée en 2003 par l'Italien Remo Ruffini,
qui n'est autre qu'un ancien "paninaro",
familier des heures de gloire de la doudoune matelassée.
C'est lui qui fait prendre à la marque un virage encore plus serré vers le marché du luxe.
Fini la vente dans les magasins de sport,
il développe ses propres boutiques et la marque s'associe à de grands créateurs.
Au début des années 2010, c'est un autre point de bascule en quelque sorte,
c'est-à-dire le passage dans quelque chose qui est global,
qui est devenu l'objet tant désiré,
pour lequel le marché est également devenu segmenté.
Avec un quotidien de plus en plus marqué par les guerres,
les épidémies et le changement climatique,
la doudoune représente aussi un symbole:
celui d'un cocon personnel dans lequel on peut se réfugier.
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