法语助手
2019-01-03
Picasso au musée d'Orsay, une rencontre pour le moins inattendue. . . Enfin ça, c'est ce qu'on pense avant de découvrir l'exposition magistrale organisée par le musée.
Alors si vous avez l'impression de connaître Picasso par coeur, voire, avouons-le, d'en entendre un peu trop parler en ce moment, sachez que cette exposition risque bien de vous surprendre !
Elle se concentre sur l'avant-Picasso, plus précisément l'avant-cubisme.
Cinq années cruciales, ces années de peine puis d'apaisement, pour l'artiste connu comme les périodes bleu et rose.
Les années 1900 à 1906, on est donc bien dans le spectre de temps du Musée d'Orsay.
Nous sommes près de dix ans avant les premiers Nymphéas de Monet, pour vous donner un repère.
Picasso arrive à Paris en octobre 1900 à 18 ans à peine, il signe encore du nom de son père, Pablo Ruiz.
Il débarque à la gare d'Orsay, devenue entre-temps le sublime musée d'Orsay pour représenter l'Espagne à l'Exposition universelle.
Mais si le jeune Pablo est déjà un remarquable artiste, il n'a pas encore trouvé sa voie, ce qu'il fera de manière incessante dans les six années suivantes, en tout cas en essayant de se trouver.
Il est partagé entre l'académisme hérité de son père, illustre professeur de dessin, écrasant, et son envie d'avant-gardisme. 300 oeuvres sont ici présentées, des oeuvres qui n'avaient jamais été rassemblées.
C'est une première mondiale, impensable mais vrai, il a fallu quand même plus de trois ans pour réunir ces chefs-d'oeuvre venus du monde entier, ça tient vraiment du record.
Alors on y admire aussi bien des autoportraits du jeune Picasso qui se métamorphose, vous le verrez, en cinq ans à peine, les styles n'ont rien à voir, les expressions non plus.
Notre artiste se trouvera justement, en 1906. Entre temps, il y a eu ce qu'on appelle communément, je vous le disais, la période bleue, entendez par là, la période à laquelle ses toiles se teintent irréductiblement d'un bleu glacial et ses sujets, figuratifs, se teintent d'expressions dramatiques.
Trois ans pendant lesquels Picasso abordera dans ses peintures des thèmes sombres, douloureux, la souffrance, le chagrin, ce qui n'est pas loin d'être un reflet de sa propre vie à l'époque.
Picasso n'est pas encore connu, il travaille dur, il côtoie la misère.
Son ami Carles Casagemas se suicide, ce qui rajoute encore à la tristesse de notre jeune artiste, qui représentera d'ailleurs son défunt ami dans de nombreuses toiles.
Mais Picasso emprunte aussi aux grands maîtres classiques.
Greco, en tête de liste, aussi bien pour son bleu acide que pour ses figures etirées.
Des influences classiques qu'il mêle aux scènes de la vie parisienne, buveuses d'absinthe, naine, fille qui attend, rappelant Van Gogh, Degas ou Toulouse-Lautrec, twistés à la sauce Picasso.
C'est dans ces années d'ailleurs, qu'il introduit la figure d'Arlequin, pensive et mélancolique, qui va traverser par la suite toute son oeuvre.
Alors dans l'exposition ces bleus se déclinent à l'infini, passant de son incroyable autoportrait aux traits vieillis et au regard décidé à sa Célestine, sinistre maquerelle borgne en passant bien sûr par « La Vie », allégorie du cycle de la vie, immense chef-d'oeuvre où apparaît Casagemas, sa femme et l'enfant qu'ils n'auront jamais eu et, caché dans le fond bleu, regardez, une figure accroupie représentant la Mort.
En 1904, le bleu va progressivement, et ça fait du bien, faire une place au rose, un rose fané, des tons pastels, tendres, beiges et ocres.
Des tonalités plus douce même si la nostalgie et la mélancolie dominent encore.
Alors, l'amour fait peu à peu son entrée dans la vie du peintre, amoureux de Fernande.
Picasso sculpte davantage ses corps, les traits des visages s'épurent à la manière de masques, annonçant la révolution cubiste des Demoiselles d'Avignon. Picasso n'a que 25 ans.
Lors de votre visite, observez cette jolie «Fillette au panier de fleurs», magnifique nu ayant appartenu près d'un demi-siècle à la famille Rockefeller et qui vient d'être vendu pour 115 millions de dollars, rien que ça.
Prêtez attention aussi à la chambre bleue, ce nu à la baignoire sous lequel on a récemment découvert un portrait du marchand de Picasso, Ambroise Vollard, une époque où Picasso ne roulait pas sur l'or et devait recycler ses toiles.
On y découvre un artiste virtuose, porté par ses états d'âme et incessamment nourri par le monde qui l'entourait.
C'est juste superbe.
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