法语助手
2024-02-26
Cette autoroute, c'est l'A14.
Elle relie la Défense à la commune d'Orgeval dans les Yvelines.
C'est l'autoroute la plus chère de France.
Pour faire ce petit trajet,
un automobiliste doit payer 10 euros.
En comparaison, le trajet le moins cher,
entre Toulouse et Albi sur l'A68,
ne coûte qu'1,70 euros pour faire 62 kilomètres.
Mais pourquoi de telles différences de prix ?
Et pourquoi l'autoroute en France coûte si cher ?
La France compte plus de 12 000 km d'autoroutes.
C'est le troisième réseau autoroutier d'Europe,
derrière l'Espagne et l'Allemagne.
Sauf que dans ces pays,
l'autoroute est globalement gratuite pour les usagers.
En tout, 12 pays de l'Union européenne pratiquent la gratuité.
D'autres ont choisi de faire payer les automobilistes,
soit avec un système de vignettes ou avec des péages.
Comme la France,
où on trouve pas moins de 1 158 péages sur tout le territoire.
Mais comparé aux pays européens qui pratiquent le péage,
nos autoroutes sont les plus chères.
En moyenne, en France, pour faire 100 km,
il faut débourser 7 euros contre 6,70 euros en Italie
et seulement 2,30 euros en Pologne.
Et chez nous, chaque année, c'est la même histoire,
le prix des péages augmente.
En 2023, ils ont augmenté de 4,75 %, un record.
Mais pourquoi ?
Et qui décide des prix ?
En fait, c'est écrit dans la loi.
Les prix sont revalorisés chaque année en fonction de l'inflation,
mais aussi des dépenses engagées par les sociétés d'autoroutes
pour la construction et la modernisation de leurs réseaux.
Pour elles, la priorité, c'est de rentabiliser les autoroutes récentes
et celles qui ont nécessité de gros travaux.
Résultat, certains tronçons coûtent plus cher que d'autres.
C'est le cas, par exemple, de l'A65, mise en service en 2010.
Cette portion a augmenté de 13,7 % entre 2022 et 2023,
soit trois fois plus que la hausse fixée cette année-là.
Mais s'il y a de telles différences de prix,
c'est aussi, pour une autre raison,
la recherche de profits.
Les sociétés de l'autoroute augmentaient plus les tronçons,
il y avait beaucoup de passages, en étant assez peu contrôlés,
ce qui fait que les prix sont effectivement assez élevés.
Cette pratique, appelée foisonnement,
est interdite depuis 2011,
mais peut expliquer que certaines différences de prix persistent aujourd'hui.
Mais où va l'argent des péages ?
Par exemple, pour 10 euros de péage,
1,20 euro va au fonctionnement et à l'entretien du réseau,
2,20 euro va à la construction et la modernisation des autoroutes,
3 euros servent à rembourser la dette des sociétés d'autoroutes et leurs investisseurs.
Et enfin, 3,60 euros vont dans les poches de l'État.
Comment on en est arrivé là ?
Avant l'autoroute, pas le choix, il fallait prendre la nationale,
comme la célèbre National 7, la route des vacances.
Depuis ce matin, par la National 7,
des milliers de vacanciers arrivent dans le Midi.
Dans la France des années 50, l'État veut se moderniser.
Et cela passe par la création d'autoroutes.
La première à voir le jour, c'est l'A13, qui relie Paris à Caen.
Elle est inaugurée en 1946 avec une compétition automobile.
Problème, construire des autoroutes, ça prend du temps.
Beaucoup de temps.
Par exemple, pour l'A1,
16 ans se sont écoulés entre l'inauguration de la première portion et la fin de la construction.
Et surtout, ça coûte très cher.
Pour construire un kilomètre sur du plat,
il faut compter entre 8 et 10 millions d'euros.
L'État s'impatiente et cherche des financements,
et trouve la solution, installer des péages.
Le 1er juillet 1961, la première autoroute à péage de France voit le jour,
l'autoroute Estérel-Côte d'Azur, la future A8.
Pour 63 kilomètres,
il faut payer 250 anciens francs, soit l'équivalent de 4,50 euros.
À l'époque, l'État le promet, ce n'est que temporaire,
le temps de rentabiliser les autoroutes.
C'est même écrit dans une loi de 1955,
l'usage des autoroutes est en principe gratuit.
Mais l'État oublie sa promesse.
Il installe de plus en plus de péages
pour financer les travaux de développement.
Mais force est de constater que ça marche.
En 1960, la France ne compte que 150 kilomètres d'autoroutes.
En 10 ans, le réseau est quasiment multiplié par 7,
jusqu'à 12 379 kilomètres aujourd'hui.
En 2006, l'État endetté a besoin d'argent
et choisit de privatiser les autoroutes.
Il vend ses parts à des entreprises privées,
les sociétés concessionnaires d'autoroutes,
pour 14,8 milliards d'euros.
Aujourd'hui, 75% des autoroutes, soit environ 9300 kilomètres,
sont gérées par une vingtaine d'entreprises,
filiales de trois grands groupes.
Mais il reste tout de même près de 3000 kilomètres d'autoroutes gratuites.
Comme ici.
Ici.
Ou encore ici.
Et d'ailleurs, à part cette A84 entre Rennes et Caen,
on voit que la Bretagne n'a pas d'autoroute.
En fait, la région a ce qu'on appelle des routes express,
des nationales en deux fois deux voies limitées à 110 km heure.
Elles sont donc gratuites.
Mais pourquoi la seule autoroute de Bretagne est-elle aussi gratuite ?
Eh bien, grâce à cette règle.
Une autoroute est payante que s'il existe un autre itinéraire parallèle gratuit.
Ce qui n'est pas le cas ici.
Bref, prendre l'autoroute en France,
c'est un sacré budget et pas qu'en termes de péage.
Il y a aussi les aires d'autoroute,
ou plus précisément, les aires de service.
On en compte 369 en tout, soit environ une tous les 45 km.
Et sur place, les prix laissent un goût amer.
Ici, sur l'air Reims Champagne Sud, sur l'A4,
un sandwich triangle coûte 5,60€ contre 2,41€ en supermarché.
Et une bouteille de Cristalline d'un litre coûte 1,40€ contre 13 centimes.
Pareil pour le carburant,
où le prix au litre est en moyenne 10 à 15 centimes plus cher.
Mais pourquoi de tels tarifs ?
Les sociétés d'autoroutes avancent une raison,
c'est que ces services coûtent chers.
Ces endroits doivent être ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7,
ce qui engendre des frais importants en entretien et en personnel.
Résultat, entre les péages et les aires,
les sociétés d'autoroutes se portent très bien.
En 2021, elles ont fait 3,9 milliards d'euros de bénéfices.
Quant à l'État, il récupérerait chaque année entre 4 et 5 milliards d'euros.
Mais pour lui, les sociétés d'autoroutes perçoivent trop de bénéfices.
La faute à des contrats signés au moment de la privatisation
qui seraient beaucoup trop avantageux.
Un bras de fer entre l'État et les entreprises d'autoroutes
qui durent depuis presque 20 ans.
Aujourd'hui, on est incapable d'avoir des tables rondes de discussions.
Je pense que les sociétés d'autoroutes bloquent tout contact et tout dialogue
de façon à rester sur leurs positions et à ce qu'on ne touche surtout pas à leurs contrats.
Je crois qu'il faut taper du poing sur la table pour montrer qui est le patron.
C'est l'Etat, c'est le concédant.
Pour pouvoir reprendre le pilotage de ces contrats.
Mais sur cette question des superprofits,
que disent les sociétés d'autoroutes ?
On en a contacté plusieurs et l'une d'entre elles nous a répondu par écrit.
Voici sa réponse.
Nous contestons l'idée très largement répandue de la surrentabilité des autoroutes,
qui prend en compte uniquement la rentabilité instantanée,
alors même qu'elle ne peut s'analyser que sur la durée totale de la concession.
Nous ferons tout pour faire respecter le droit et nos contrats.
Pour tenter de payer moins cher les trajets sur l'autoroute,
certains automobilistes ont une astuce légale,
le fractionnement des paiements.
Déjà, il faut savoir qu'on ne paye pas l'autoroute au kilomètre,
mais en fonction du point d'entrée et de sortie.
Et en quelque sorte, plus on sort et moins on paye.
Par exemple, pour faire ce trajet entre Paris et Lille sur l'A1,
il faut débourser 18,10 euros.
Mais si vous sortez et re-rentrez ici,
vous ne paierez plus que 15,20€
et vous ferez donc une économie de 2,90€.
Après, la meilleure solution, si vous n'êtes pas pressé,
ça reste de prendre les petites routes,
comme à la grande époque de la National 7,
ou alors de passer vos vacances en Bretagne.
Et comme on sait que vous aimez bien les chiffres, en voici deux.
415 mètres, c'est la taille de la plus petite autoroute de France,
l'A623, au sud-est de Toulouse.
Et 557 km, c'est cette fois-ci la taille de la plus longue autoroute de France,
l'A10, qui relie Paris et Bordeaux.
On espère que cette vidéo vous a plu, et si c'est le cas,
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