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2024-03-15
Écoutez bien.
Ça, c'est Dune de David Lynch, en 1984.
Et ça, c'est Dune de Denis Villeneuve, en 2021.
Dans la version de Lynch, le son du bouclier
est totalement électronique et artificiel, créé par synthétiseur.
Ce genre de truc.
Dans la version de Villeneuve, il semble plus naturel, plus texturé.
Et pour cause, le bruitage a été créé à partir d'une mitraillette,
avant d'être retravaillé.
Les boucliers sont nés d'un véritable enregistrement acoustique de quelque chose que nous entendons et connaisssons tous.
Ce monsieur est le sound designer, Mark Mangini.
Ce qu'il vient de dire est ce qui fait que le sound design de Dune
a été aussi remarqué.
Au point de gagner l'Oscar du meilleur son en 2022.
L'univers de Dune a beau être imaginaire, son ambiance sonore,
elle, est tirée d'enregistrements du réel.
Le but ?
Vous donner l'impression que cet univers fantastique est familier.
Cette idée est confirmée par Denis Villeneuve lui-même,
le réalisateur du film, à qui on est allé poser
directement la question.
C'est sur une autre planète.
Mais ça reste quand même des sons qui se rapprochent de nous.
Alors comment Dune arrive si bien à vous faire croire
au son d'un univers de science-fiction ?
La planète interdite, 1956.
Le premier grand film de science-fiction, et le premier à en avoir façonné les codes.
Pour sa bande-son, la production engage un couple de sound designer avant-gardiste,
Bebe et Louis Barron.
On est dans les années 50 et la musique électronique
connaît ses premiers balbutiements.
Le couple a l'idée d'allier ces nouvelles tonalités
à l'univers de la science-fiction.
C'est inédit et ça crée l'événement.
Le public s'est senti transfporté car il n'avait jamais entendu un son pareil auparavant,
encore moins attaché à une image qui bouge.
Le succès du film ouvre la voie à ce qui deviendra une règle
pendant les décennies à suivre.
Cinéma de science-fiction = sons électroniques.
Si vous voyez quelque chose d'étrange que vous n'avez jamais vu avant,
vous avez intérêt a entendre quelque chose que vous n'avez jamais entendu avant.
Sauf que Dune vient casser la convention.
On veut produire des sons que vous n'avez jamais entendus avant
vous donnent l'impression de les avoir déjà entendus avant.
En d'autres termes, inverser la logique.
Plutôt que de mettre en avant l'étrange et l'inconnu, Dune a l'ambition
de rendre familier ce qu'on ne connaît pas.
Donner l'impression d'y être.
Créer une expérience immersive, plus engageante.
Je voulais qu'on ait l'impression que j'avais envoyé une équipe
de documentaristes sur la planète.
Un effet documentaire.
Pour ça, la recette est simple, utiliser des sons acoustiques, réels
et identifiables.
L'idée n'est pas tout à fait nouvelle.
Star Wars l'avait déjà expérimenté.
Exemple, les sabres laser combinent les sons enregistrés
d'un vieux projecteur de cinéma et du grésillement d'une télévision.
Mais dans Dune, c'est poussé à l'extrême.
Sur les 3005 sons sur-mesure ou sons originaux que nous avons créés,
seuls 4 ou 5 d'entre eux sont nés sous forme de son électronique ou de son de synthétiseur.
Dans tout ce que vous voyez et que vous n'avez jamsai vu avant
se trouve ce souvenir d'un son que vous avez entendu avant.
L'hypothèse de Mark Mangini et de son équipe est
que le spectateur saurait reconnaître intuitivement des sons réels.
En les reconnaissant, ça crée une proximité.
Alors, est-ce que cette hypothèse se vérifie scientifiquement ?
On a demandé l'avis d'un spécialiste du cerveau.
Il confirme que notre cerveau perçoit la différence
quand un son est généré naturellement ou artificiellement.
Car avec un son réel, le cerveau capte un tas de paramètres
qu'un son artificiel ne peut pas reproduire aussi subtilement.
L'ornithoptère, un engin libellule caractéristique
du film de Villeneuve et qui illustre bien la démarche des sound
designers de Dune.
Les trois éléments principaux des ornithoptères sont:
le ronronnement d'un chat,
car on savait qu'on voulait que les ailes battent comme ça:
son
Le deuxième son était le bruit du rabat d'un tente en toile
qu'un de mes amis a enregistré dans une tempête de 100 km/h.
Il campait et il a entendu cette sangle de la tile faire:
son
Ensuite, Theo (Green, sound designer) a acheté un scarabée géant, un scarabée de cette taille.
Ce qui, après un peu de bricolage en studio, donne ça.
Et, dans Dune, ça.
Un son qui paraît naturel et vraisemblable.
La recette a fonctionné.
L'effet documentaire donne de la familiarité
à un univers pourtant complètement inventé.
Alors, le paradoxe est que
Dune ambitionne aussi de rendre cet univers unique.
Il doit certes être familier pour qu'on puisse y croire,
mais quand même étrange pour que ça reste un voyage dans un monde de science-fiction.
Pour ça, ils ont pris la logique inverse.
Ils ont rendu unique des éléments qui nous sont familiers.
Exemple, le sable.
On a passé beaucoup de tems
- ça va paraître vraiment supide -
à auditionner du sable.
Le sable du desert a une composition tres unique et subtile de silice
qui ne ressemble pas au sable que vous pouvez voir à la plage
ou acheter dans un magasin de bricolage.
On voulait que ce soit une de ces textures indéfinissable,
qui ont rendu notre travail sur le son unique.
Un travail sur le son unique.
Mais le sound design de Dune va encore plus loin.
Certains de ces éléments sont chargés de sens.
Exemple, le vent.
On a développé une série de vents texturés,
certains réalisés à parir de véritabales enregistrements de vents du désert, ici sur Terre,
et d'autres réalisés vocalement en utilisant:
il mime le son du vent
Des vocalisations douces, superposées au reste pour paraître
presque anthropomorphiques, comme si le vent était un personnage.
Et ça, c'est ce qu'on appelle un son symbolique, par opposition au son diégétique.
Un son diégétique, c'est faire entendre ce qu'on voit.
Par exemple, le personnage pose une carafe sur la table,
on entend le bruit d'une carafe d'eau posée sur la table.
Un son symbolique, comme celui du vent de Dune,
ne sert pas seulement à accompagner une image,
mais aussi à donner davantage de sens, à enrichir le ressenti du spectateur.
On peut utiliser un son comme symbole,
pour aider a raconter notre histoire,
et c'est une technique d'effet sonore courant.
Un dernier élément a rendu le son de Dune
aussi innovant.
Le son guidait les effetc spéciaux, et ce n'est pas traditionnel.
Le son avant l'image.
C'est notamment ce qu'il s'est passé avec les boucliers.
Souvent, dans un film, un bouclier protecteur
ressemble plutôt aux Dunes de Lynch.
Une sorte de bourdonnement électronique ininterrompu,
pour illustrer une barrière infranchissable.
Mais le son des boucliers dans le Dune de Denis Villeneuve
est pensé autrement.
On a réalisé que pour que cet outil, cetter arme soit réellement efficace,
il n'était pas nécessaire de la voir.
Vous avez seulement besoin de la voir quand il se déploie.
L'idée est là.
Le bouclier n'est donné à voir et à entendre que lorsqu'une arme
s'approche du personnage qui le porte.
C'est cette idée de l'équipe de Mark Mangini qui oriente le reste de la production.
Le travail des effets spéciaux se base sur cette trouvaille.
Partour où nous mettions de son, l'équipe des effets spéciaux mettait une image,
Et ça a entraîné un échange collaboratif où nous améliorions sans arrêt le traveil de chaun,
ce qui a donné ce que vous voyez ou entendez à l'écran.
Au cinéma, une telle organisation tient essentiellement à la volonté
du réalisateur.
Ça va commencer au scénario, d'essayer vraiment d'accentuer ma pensée,
puis mon travail dans le son, on monte autant le son que l'image.
Ce n'est pas un montage visuel sur lequel on vient appliquer du son,
c'est vraiment dans la structure même du montage visuel,
le son est aussi important.
Tout est créé en même temps.
Tout est donc connecté d'une façon que l'on n'obtient jamais
quand le son est réactif au lieu d'être proactif.
Et c'est en ça que Dune est un si grand succès.
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